Le jeu d’échec chinois traditionnel : c’est quoi ?

jeu d'échec chinois

Le Xiang Qi, les échecs chinois :

Un jeu d’échecs plus ancien que le nôtre ? Tellement proche et si déroutant, le Xiang Qi va vous lancer à l’assaut du palais adverse, avec des pièces originales comme l’éléphant ou la bombarde, mais va surtout vous faire parcourir une riche page d’histoire.

L’histoire de ce jeu

En 1984, dans la province de Jiangxi, furent découvert 32 pièces rondes, 16 rouges et 16 noires, ayant chacune un caractère (idéogramme) sur une face et un dessin sur l’autre. Ce fut l’un des plus vieux jeux de Xiang Qi découvert jusqu’alors, daté du début du 12ème siècle.

La suprématie, en terme de notoriété, de notre jeu d’échecs occidental dans le monde ludique et médiatique ne doit pas occulter un monde échiquéen riche en histoires, variantes et jeux différents.

Car le Xiang Qi est aujourd’hui pratiqué par plusieurs dizaines de millions de joueurs à travers le monde, principalement en Chine, mais gagne de plus en plus, via les différentes communautés chinoises dans le monde, le reste de l’Asie, l’Amérique et maintenant l’Europe.

Littéralement jeu de l’éléphant (xiang – éléphant) (qi -échiquer), le Xiangqi est un jeu très offensif. Ses caractéristiques, on va le voir, en font un jeu dynamique, qui peut donner l’occasion à de nombreux joueurs d’échecs de renouveler leur approche échiquéenne.

L’approche du Xiang Qi est souvent un peu déroutante, à la fois rassurante par la reconnaissance de pièces utilisées dans notre jeu d’échec (roi, tour, pion, cavalier) et déstabilisante par la calligraphie des pièces, ajoutée au fait que celles-ci ont toutes la même hauteur.

Passé ces premiers instants, le Xiang Qi se révèle être un jeu très fin, où les équilibres de forces et les possibilités tactiques et stratégiques ne cessent d’étonner.

Dans l’histoire des jeux, les échecs correspondent à un tournant intéressant, se distinguant par l’apparition simultanée de la hiérarchisation des pièces et de la suppression du hasard.

Les échecs seraient une évolution du Chaturanga indien (6ème siècle ap JC), jeu à 4 joueurs ayant chacun 8 pièces hiérarchisées sur un diagramme de 8 cases sur 8, mais dont le déplacement des pièces était régi par le lancer de dés.

A partir du Chaturanga, deux courants vont se créer : un vers l’occident, sous l’impulsion des arabes, qui vont transformer le jeu initial et le transmettre dans le bassin méditerranéen ; et un autre vers l’orient avec le développement des échecs chinois et japonais (Shogi).

A noter qu’à l’existence de cet ancêtre commun aux jeux d’échecs, s’oppose des voies moins orthodoxes. L’une d’elles accorde au Xiang Qi une antériorité au Chaturanga. Cette théorie se base notamment sur le terme de Xiangqi que l’on retrouve dans des textes très anciens (2 siècles avant JC), mais qui semble alors désigner un autre jeu. Ajouté à cela les multiples interprétations d’un même idéogramme chinois et sa possible transformation à travers le temps, il reste donc très difficile de statuer sur la naissance du XianG Qi.

A l’instar de son grand frère chinois, le Weiqi (jeu de Go), le Xiangqi se joue sur les intersections. Cet argument a été repris par certains pour indiquer sa filiation (et donc sa génèse) chinoise. Mais on peut aussi imaginer que les chinois ont tout simplement adapté un jeu indien sur les plateaux de jeu qu’ils utilisaient à l’époque.

D’autres avancent que les jeux d’échecs indien et chinois ont pu se créer séparément, se rencontrer, puis s’enrichir mutuellement pour aboutir à ces jeux si proches.

On comprend là, comme dans de nombreuses filiations entre jeux à travers l’histoire, que la prudence doit être de mise : de futures découvertes archéologiques nous apporterons peut-être un jour un éclairage différent…

Il est à remarquer que, dès le 12ème siècle (dynastie Song), le Xiang Qi s’est stabilisé : ses pièces, ses règles et son nom étaient déjà fixés, ce qui ne fut pas le cas de nos échecs occidentaux, qui ont continué à évoluer jusqu’au 15ème siècle, par l’apparition de la dame et de sa puissance…

Règles du jeu

Le plateau de jeu est constitué de 10 lignes horizontales et 9 lignes verticales, interrompues par une rivière.

Cette rivière semble apparaître dès le 11ème siècle, symbolisant l’importance des fleuves dans la civilisation chinoise. Les pièces se placent et se déplacent sur les intersections.

Chaque joueur possède 16 pièces. Celles-ci sont rondes et plates. Leur valeur est identifiée par un idéogramme de couleur (rouge ou bleu habituellement ou quelquefois rouge ou noir). Au centre de chaque camp, se tient un palais (ou forteresse), constitué de 9 points sur les trois premières lignes.

La position centrale du palais, très caractéristique, fait du Xiang Qi un jeu offensif. Le but du jeu est de mater le gouverneur (le roi) adverse. Comme pour le jeu d’échecs occidental, la capture des pièces se fait par substitution.

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